Président d’honneur
Monsieur  le Recteur de l’Université de Tlemcen
Professeur Ghouali Noureddine

Comité scientifique

Président :
Pr Letreuch-Belarouci Noureddine, Université Abou Bekr Belkaid
Vice-président :
Dr Mostefai Noureddine, Université Abou Bekr Belkaid
Membres :
Pr Bouhraoua Rachid Tarik, Université Abou Bekr Belkaid
Pr Bouazza Mohamed, Université Abou Bekr Belkaid
Pr Benabadji Noury, Université Abou Bekr Belkaid
Pr Khelil Mohamed Anouar, Université Abou Bekr Belkaid
Pr Benabdeli Khéloufi, Université Mustapha Stanbouli, Mascara
Pr Bellatrèche Mohamed, ENSA, Alger
Pr Samraoui  Boudjéma, Université 08 Mai 1945, Guelma
Pr Abdeljebbar Qninba, Université Mohammed V, Maroc
Dr Hamid Rguibi, Université d’El Jadida, Maroc
Dr Selmi Slaheddine, Université de Gabès, Tunisie
Pr Bou Dagher-Kharrat Magda, Université Saint Joseph Beyrouth, Liban
Dr Blondel Jacques, CEFE-CNRS Montpellier, France
Dr Véla Errol, AMAP Université de Montpellier II, France
Dr Thiollay Jean-Marc, MNHN-CNRS Paris, France
Pr Tatoni Thierry, IMEP CNRS-IRD, Université Paul-Cézanne, Marseille, France
Dr Gachet Sophie, IMEP CNRS-IRD, Université Paul-Cézanne, Marseille, France
Dr Garfi Giuseppe, CNR Palermo, Italy
Dr Herrando Sergi, Institut Català, Espagne
Dr Fernandes Carlos, Université de Lisbonne, Portugal

 Président d’honneur
Monsieur  le Recteur de l’Université de Tlemcen
Professeur Ghouali Noureddine

Comité d’organisation


Président :
Dr Mostefai Noureddine
Vice-Président :
Mr Kazi-Tani Said, Directeur du Parc National de Tlemcen
Membres :
Mr Reguieg Mohamed, Conservateur des Forêts de Tlemcen
Mr Guelil Lokmane Elhakim, Directeur de la Réserve de chasse de Tlemcen
Mr Benzerdjeb Abdelkrim, Directeur du Centre cynégétique de Tlemcen
Mr Moumani Mohamed, Parc National de Tlemcen
Mr Bouhraoua Tarek Rachid, Université Abou Bekr Belkaid
Mr Bellifa Mohamed, Université Abou Bekr Belkaid
Mr Dahane Belkheir, Université Abou Bekr Belkaid
Melle Ferka-Zazou Nesrine, Université Abou Bekr Belkaid

Mr Berrichi Mohamed, Université Abou Bekr Belkaid
Mr Cheikh Mohamed, Université Abou Bekr Belkaid
Mr Labiod Mohamed, Université Abou Bekr Belkaid
Mr Haddouche Idriss, Université Abou Bekr Belkaid
Mr Medjahdi Boumediène, Université Abou Bekr Belkaid

Les Discours Inaugural

Dr Mostefai Noureddine Président du Colloquen


Monsieur le Recteur,
Messieurs les Doyens,
Messieurs les Présidents du comité et du conseil scientifique,
Messieurs  les Chefs de Département,
Monsieur le Maire  de  Chetouane,
Chers amis Marocains,
Chers amis Tunisiens
Chers amis Français,
Chers  amis Espagnols,
Chers amis Italiens,
Chers collègues,
Chères étudiantes, chers étudiants
Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi  un  très grand honneur  que d’avoir  l’occasion de m’adresser à cette  assemblée éminente  de scientifiques, de dirigeants et de personnalités.  C’est pour moi  également  un immense plaisir d’accueillir  nos invités étrangers et algériens pour prendre part aux activités de ce colloque international dont le thème est sans nul doute  d’une importance cruciale en cette année  2010,  année internationale de la diversité biologique.
C’est tout à l’honneur de l’université de Tlemcen, du Parc  National de Tlemcen,  de la Réserve de chasse et du Centre cynégétique  d’avoir pris cette initiative,  ainsi que des participants et de la communauté scientifique méditerranéenne de s’être  mobilisés pour faire de cet événement un succès.
Ce colloque se tient peu de temps après  l’assemblée des nations unis sur la biodiversité qui s’est déroulé à New York   le 10 septembre, et  coïncide aujourd’hui avec  la Conférence de la Convention sur la  diversité biologique à Nagoya au Japon où  193  Etas vont définir un nouvel objectif et un nouveau plan d’actions post 2010 pour stopper l’érosion de la biodiversité.
Notre planète, Mesdames et Messieurs, est en butte à une perte  massive de ressources vivantes.  Les scientifiques nous disent que  les espèces sont en face à une crise d’extinction, à une crise sans précédent depuis la 5ième extinction de masse il ya 65 millions d’années.  Nous perdons des écosystèmes, la productivité des forêts, des systèmes agricoles et de cultures en raison de l’effondrement de systèmes écologiques entiers.
Au cours du dernier quart de siècle, il est devenu de plus en plus clair que cette  déperdition de productivité aura un impact  majeur sur l’évolution et le développement de l’humanité.
Les générations futures  se poseront certainement la question de savoir pourquoi nous avons laissé ce phénomène se développer.
La variété très riche des ressources biologiques et les interactions entre ces ressources ne sont point un luxe, bien au contraire, elles sont essentielles pour la croissance et le développement des sociétés humaines et pour l’existence même de la vie sur Terre. La diversité biologique est le socle, le soubassement de nos ressources alimentaires et c’est la source de médecine dont dépend la santé.  Elle est également la source de matières premières pour l’industrie et une  gamme très importante de services depuis la purification de l’air jusqu’à la filtration de l’eau et de la stabilisation du climat au contrôle des inondations.
Le Bassin Méditerranéen, le plus grand des 34 hots spot (point chaud) de biodiversité dans le monde abrite  un haut degré de richesse et d’endémisme   de diversité biologique unique et menacée. A juste titre, Sur les 22500 espèces de plantes vasculaires dans ce point chaud, environ 11700 (52 %) sont endémiques et ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Près  d’un tiers de la faune méditerranéenne est endémique également.
Selon l’UICN, 1 912 espèces d’amphibiens, d’oiseaux, de poissons cartilagineux, de poissons d’eau douce endémiques, de crabes et d’écrevisses, de mammifères, de libellules et de reptiles ont été évaluées à ce jour dans la région méditerranéenne. Près de 19% des ces espèces sont menacées d’extinction.

Le bassin méditerranéen a connu un important développement des activités humaines et l’impact de ces dernières sur les écosystèmes est sensiblement plus important que sur les autres hotspots. La colonisation de l’homme sous diverses formes existe dans la zone depuis au moins 8000 ans. Les impacts les plus importants de la civilisation humaine ont été la déforestation, le pâturage intensif et les incendies, et le développement des infrastructures, en particulier sur la côte.
Les terres agricoles, forêts sempervirentes et les habitats qui dominent le hotspot d'aujourd'hui sont le résultat de ces perturbations anthropiques sur plusieurs millénaires. Actuellement, il y a environ 300 millions de personnes qui vivent dans le bassin méditerranéen. En Afrique du Nord, la croissance rapide de la population et la propagation de l'agriculture mécanisée ont conduit le remplacement des techniques respectueuses de l’environnement par des moyens de cultures plus intensifs. Les pénuries d'eau et la désertification sont des problèmes graves dans ce domaine.
Le développement du tourisme a un impact important sur les écosystèmes côtiers. Les rives de la Méditerranée sont la plus grande attraction touristique dans le monde, avec 110 millions de visiteurs par an, un chiffre qui devrait doubler au cours des deux prochaines décennies.
Aujourd'hui, à peine 5% du hotspot contient une végétation relativement intacte, ce qui place le bassin méditerranéen dans les 4 hotspots les plus altérés sur Terre.
Il est  plus que temps de nous interroger sur ce qui peut être  fait du point de vue de la science,  de la gestion et de la conservation pour modifier cette tendance.
Ce colloque international sur la gestion et la conservation de la biodiversité dans le bassin méditerranéen  va nous permettre justement de débattre ces questions pendant 3 jours et de conclure avec des recommandations simples et faciles à appliquer qui seront destinées essentiellement aux gestionnaires de milieux naturels et aux décideurs politiques. Pour cela,  90 communications émanant  de 25 institutions universitaires algériennes et de 15 institutions scientifiques étrangères,  sont programmées et traiteront 3 thématiques principales   à savoir: l’inventaire et l’évaluation de  la biodiversité,  le particularisme de la biodiversité méditerranéenne, et la gestion et la conservation de la biodiversité.
Avant de terminer, je voudrais saisir cette opportunité pour exprimer ma gratitude envers Monsieur le Recteur de l’université de Tlemcen pour les moyens qu’il  a mis à notre disposition, pour son aide et  pour le fait de nous avoir facilité toujours la tache quant à l’organisation de cette manifestation scientifique.  Je voudrais également remercier vivement mon ami le  Directeur du Parc National de Tlemcen avec qui  j’ai pris l’initiative il y a 2 ans d’organiser cette conférence. Monsieur KAZI a voulu que son Parc  soit  un coorganisateur  principal  et pour cela il a mis tous les moyens logistiques et financiers pour le bon déroulement de ce rendez-vous. De même je ne dois pas oublier Messieurs les Directeurs de la Réserve de chasse et du centre cynégétique qui en dépit de leurs moyens limités, ont adhérés pleinement  à cette noble mission. Par ailleurs, le laboratoire 31 : Gestion conservatoire de l’eau, sol et forêts à contribué d’une manière importante au soutien financier de cette rencontre. Milles merci à son directeur.
Tout particulièrement j’adresse mes sincères remerciements au Président d’APC  de Chetouane qui m’a ouvert ses portes mais aussi son cœur, il s’est montré très sensible à la thématique que traite notre colloque. Voilà une bonne initiative, le soutien des collectivités locales aux activités scientifiques universitaires. Monsieur le Maire encore une fois un grand merci pour votre aide et soutien. Par la même occasion je remercie le Président d’APC de Tlemcen et le Président d’APC  de Mansourah pour leurs soutiens également.
Cette rencontre n’aurait pas pu avoir lieu sans le travail fastidieux du comité scientifique  qui a passé une bonne partie de l’été à lire, corriger  et sélectionner  les communications qui vont être présentées durant ces  3 jours. Au nom de vous tous je les remercie chaleureusement.
Enfin un grand salut et merci aux organisateurs  qui veillent depuis plusieurs jours  à la bonne tenue de cet important événement.
Mesdames et Messieurs, chers amis, chers collègues, nous avons du pain sur la planche,  cette conférence est des plus opportunes.  Je vous souhaite, je nous souhaite plein de succès dans notre travail de ces 3 jours pour renfoncer une base scientifique permettant de contribuer à préserver  et à gérer durablement  notre patrimoine vivant du bassin méditerranéen.

Discours du Directeur du Parc National de Tlemcen Mr Kazi-Tani Said


Parmi les points positifs, relevés lors du congrès mondial des aires protégées qui s'est tenu à Durban en 2003, la croissance continue des aires protégées à travers le monde. Ceci témoigne d'une prise de conscience généralisée à l'échelle de la planète sur les enjeux de la préservation de la biodiversité en général et des milieux sauvages en particulier.
Lors du regroupement des directeurs de parcs nationaux,
de la rive sud méditerranéenne  en décembre 2002 à Tunis, il s'est avéré que l'Algérie est le pays qui présente le plus d'aires protégées pour l'Afrique du Nord et le Proche-Orient. Cette volonté s'accentuera davantage avec le classement de nouveaux parcs et de réserves naturelles dont les dossiers sont en phase de finalisation. A cela s'ajoutera l'extension des superficies de la majeure partie des parcs nationaux existants.

En effet avec les  huit Parc Nationaux du nord et les deux parcs nationaux du sud Algérien ajoutés à cela le classement  d’une soixantaine de zones humides à travers le territoire, la superficie   des aires protégées   en Algérie représentera à l’horizon 2015 environ 22% de la superficie totale du pays qui  totalise 2.381.000 km2  ce que spatialement nous donnera une idée sur l’ampleur  des aires protégés en Algérie.
Un parc national sous-entend un territoire présentant des écosystèmes uniques, rares ou menacés de disparition, des ressources naturelles de grand intérêt, un patrimoine culturel exceptionnel ou des paysages prestigieux.
En Algérie, leur protection et leur gestion sont confiées à des établissements publics à caractère administratif, composés d'équipes pluridisciplinaires et dotées de conseils d'orientation.
Les parcs nationaux du nord du pays sont généralement circonscrits dans des zones habitées. Les populations riveraines y ont toujours soutiré leurs besoins que ce soit en eau, bois de chauffage ou pastoralisme. La politique de protection de la nature a, d'abord, opté pour la soustraction systématique de ces espaces à l'action anthropique d'une manière générale_ Cependant, les fluctuations économiques et démographiques et les changements sociaux ont entraîné l'apparition de concepts nouveaux dans la gestion des aires protégées en général.
Ainsi le parc national n'est plus un espace clos, mais une entité à même de fournir plusieurs services sans pour autant perdre de son caractère exceptionnel. C'est dans cette optique que les parcs nationaux ont été placés au centre des stratégies pour un développement durable, lors du congrès mondial de Caracas, en 1992. Les habitants de ces régions et les visiteurs doivent bénéficier des retombées de la valorisation culturelle et économique de ces espaces.
Cette option n'est qu'à ses débuts dans notre pays, mais un engouement généralisé aux structures des parcs nationaux est à noter ainsi que des expériences encourageantes sont à rééditer.
La connaissance du milieu et de ses potentialités constitue une étape indispensable, particulièrement lorsqu’il s’agit de concilier au développement économique social et une gestion viable de l’environnement, c’est-à-dire mettre en place le concept du développement durable.
Depuis la conférence de Rio 1992, les richesses naturelles du monde et celle de la région méditerranéenne entre autre ont été distinguées sous un même vocable, à savoir la biodiversité. De nombreux programmes internationaux se penchent actuellement sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité dont la plus grave est les pressions anthropiques qui constituent la source principale d’appauvrissement de la richesse spécifique des écosystèmes.
Toutefois, la préservation de la biodiversité reste la préoccupation du Parc National de Tlemcen qui reste  un échantillon  représentante, de la biodiversité dans la région.
La région de Tlemcen et plus particulièrement  le Parc National constitue un important facteur de diversité sur le plan  climatique, écologique, économique et humaine et par voie de conséquence au niveau du paysage.
Avec 8225 Ha de superficie le Parc National abrite plusieurs ensembles géographiques (des plaines ; des montagnes et des terres agricoles fertiles)
Il Compte 977 espèces floristiques inventoriées soit 31,6% du patrimoine national.
125 oiseau soit   37% du patrimoine national
20 mammifère soit   15,5%   du patrimoine national
20 reptiles     soit       28,5%  du patrimoine national
08 batracien   soit    66,5 %  du patrimoine national
Et 35 insectes le nombre est plus important mais par manque de spécialiste entomologistes la détermination de certaines espèces n’est pas possible pour le moment. 
Au Cour des ans, le Parc National s’est donné des objectifs à court moyen et long terme  (dans le cadre ses Plans de gestion) en matière de sauvegarde de la biodiversité ; il a mis en place une stratégie de préservation et de conservation de la biodiversité pour atteindre les standards environnementale reconnue, (Afin de  sauvegarder son patrimoine naturel et  culturel.
La participation à des regroupements internationaux, comme celui de Tunis en 2002, Murcie et Durban en 2003 ainsi que des contacts permanents avec les autres aires protégées, de par le monde, sont d'un apport incontestable au combat quotidien des responsables en charge des parcs nationaux.
En parallèle, il y a lieu de consentir de grands efforts dans le sens de la recherche scientifique, l'étude des populations animales et des associations végétales, les inventaires exhaustifs de la faune et de la flore, la lutte contre les maladies et l'assainissement des peuplements forestiers.
L'accueil du public et sa sensibilisation sur les enjeux de la protection de ces sites doivent être aussi parmi les préoccupations majeures. Il est attendu des parcs nationaux d'être le porte-drapeau de la conservation de la nature et de la protection de l'environnement en Algérie.
La présence  de tant de richesses faunistiques et floristiques et culturelles dans notre pays, nous interpelle sur la lourde tâche de leur préservation et  de leur promotion. Nous n'avons sans doute pas de meilleur présent à offrir aux générations futures.         
Les hommes ont-ils oubliés que c’est de leurs habitats naturels, socio-écologiques, psychologiques et spirituels qu’il s’agit.

Discours du Secrétaire Exécutif de la Convention sur la Diversité Biologique Dr Djoghlaf Ahmed

      

Discours du Doyen de la Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie et Sciences de la Terre et de l’Univers
Pr Bensalah Mustapha

Monsieur Le Recteur, Monsieur Le Directeur du parc national de Tlemcen, Monsieur Le Conservateur des forêts de Tlemcen, chers invités, honorable assistance   bonjour ;

Tout d’abord, je commencerai par souhaiter la bienvenue à nos invités qu’ils soient venus des différentes régions du pays ou des pays amis.
C’est avec un réel plaisir que notre université et notre faculté abritent cette importante manifestation scientifique sur la biodiversité.
Ce n’est pas le fruit du hasard si cette rencontre est organisée avec le parc national de Tlemcen, la conservation des forêts, la réserve de chasse et le centre cynégétique de Tlemcen mais c’est un des résultats d’une longue et fructueuse coopération avec ces institutions qui nous ont toujours aidé tant sur le plan de la pédagogie, notamment dans les années 1985-1990 lors de l’ouverture  de la filière « Ingénieur en foresterie » mais aussi sur le plan des encadrements de fin cycle ingénieurs et aussi des magisters pour les travaux de terrain.
J’encourage la continuité de cette collaboration avec les différentes institutions riche en résultats positifs et je termine mon intervention en vous souhaitant pleins succès à vos travaux.

 

Conférence inaugurale Pr Benabdeli Khéloufi

 


Conférence inaugurale

          Pr Benabdeli Khéloufi
Laboratoire gestion conservatrice sol, eau et forêt- Université de Tlemcen
                  kbenabdeli@yahoo.fr

Quelques réflexions sur    les stratégies de gestion durable  de la biodiversité en région  méditerranéenne: apport des seuils  acceptables de perturbation des écosystèmes

Résumé :
La biodiversité peut être considérée suivant trois angles : la fonction, l’organisation et la composition auxquels il faut ajouter  plusieurs échelles de perception : le gène, l’espèce, l’écosystème et le paysage. Ce concept hiérarchique permet de suivre la biodiversité à plusieurs échelles d’organisation et à plusieurs échelles d’espace et de temps. De ce fait elle ne peut être préservée que par des entités géographiques garantes de géo-diversité. Effectivement l’aspect abiotique doit reprendre sa place dans toutes les stratégies comme le climat, la morphologie, la géographie physique et la géologie.

La région méditerranéenne est un espace avec un contexte humain si complexe et agressif envers la nature que sans le comprendre il est illusoire de le développer sans le perturber. Les 7 plaies menaçant la biodiversité dans cette région sont la perturbation des habitats. Les principales sources d’altération de la biodiversité proviennent de la modification du milieu (surexploitation des ressources naturelles, catastrophes naturelles, introduction d’espèces exotiques envahissantes, les perturbations humaines et les options politiques d’aménagement du territoire).
La préservation de la biodiversité ne peut se concrétiser qu’à travers une réelle prise en charge des sources de dangers potentiels sur la biodiversité à travers d’abord la réhabilitation de la géo-diversité et l’identification d’entités physio-éco-géo-graphiques découlant d’un aménagement durable du territoire.

  • Que penser de la stratégie de conservation ?

Créer des banques de gène, des zoos, des réserves, des parcs  sont certainement très utiles mais insuffisants. Alors faut-il protéger tous les espaces menacés ? C’est impossible !
Il suffit de rechercher un équilibre entre la conservation de la biodiversité et le développement humain qui reste un concept à trouver. Il ne peut se concrétiser qu’à travers l’identification d’entités géographiques naturelles (niveau de perception) et la définition de seuils de perturbation acceptable permettant de préserver la biodiversité pour chaque entité. Le recours à la géo-diversité reste le palier de base incontournable.
Mots clés : biodiversité- géo-diversité- entités géographiques- seuils de perturbation- région méditerranéenne

Introduction
La biodiversité est devenue depuis les années 1990, une notion incontournable de l'écologie et de la protection de l'environnement. L'engouement général des scientifiques et des institutions pour la biodiversité en est même devenu source de confusions à travers une réglementation et une diversité de stratégies. La préservation des de la biodiversité en région méditerranéenne, creuset de la diversité biologique, doit faire face à deux formes d’agresseurs : les différentes pressions anthropozoogènes induites par les activités humaines et l’environnement climatique. Différents auteurs ont essayé de mieux définir la biodiversité afin de pouvoir répondre aux problèmes environnementaux. Une approche hiérarchique peut en être faite en la considérant comme la fonction, l’organisation et la composition d’un ensemble géographique selon plusieurs échelles : le gène, l’espèce, l’écosystème et le paysage. Le concept hiérarchique permet donc de suivre la biodiversité à plusieurs échelles d’organisation et à plusieurs échelles d’espace et de temps. Cette approche est surtout utilisable dans une vision écologique de l’étude de la biodiversité ; qui à mon sens reste l’approche la plus réaliste puisqu’elle englobe un espace dans sa totalité.
Il est totalement illusoire et même utopique de penser protéger la biodiversité en ayant exclusivement recours aux zones protégées sous toutes les formes mises au point ces dernières décennies. Depuis des millénaires l’Homme a toujours considéré l’espace comme un terrain pouvant être exploité à sa guise selon des méthodes et des techniques qu’il a jugé adaptées. Certes des techniques et des stratégies ont été progressivement mises en place pour limiter les perturbations et gérer les espaces mais elles n’ont pu protéger convenablement la biodiversité. Les perturbations, qui restent les facteurs dégradants les plus importants de la biodiversité, découlent de deux pressions, une d’origine anthropozoogène et l’autre climatique (Benabdeli, 2009).
D’année en année les espaces naturels et même modifiés diminuent et connaissent une mutation au gré du développement industriel, agricole et commercial de la région. Il m’était difficile d’envisager une approche scientifique classique de la préservation de la biodiversité sans essayer de dévoiler et d’identifier les causes déterminantes de cette situation catastrophique, de définir de nouvelles notions adaptées à nos réalités. Pour cela il est indispensable de comprendre le comportement des espaces dans leur dynamisme, dans leur composition, dans leur processus de dégradation et surtout dans leur intégration dans des programmes de développement socio-économiques imposés par des politiciens.
Tous les efforts consentis depuis trois décennies se sont avérés vains car les espaces naturels sont considérés comme une ressource inépuisable où toutes les interventions étaient permises même celles à teinte politique ou sociale. Le résultat alarmant obtenu trouve son optimum dans l’érosion de la biodiversité, dans la perturbation du régime des eaux, dans l’accentuation de l’érosion et des inondations et dans l’altération des écosystèmes naturels et même modifiés.
Ces espaces reliques, creuset encore d’une biodiversité, doivent être sauvées, protégées car elles constituent un refuge à cette diversité. La préservation de la biodiversité ne peut être une réalité que si les écosystèmes sont intégrés écologiquement et durablement dans leur espace économique. Ce dernier reste essentiellement déterminant et sa prise en considération devient plus que nécessaire pour assurer la pérennité et la protection de la biodiversité que recèlent les espaces.
L’intégration des aspects économiques ne doit pas rester juste un concept idéaliste mais une conception technique de gestion durable et rentable des écosystèmes. Cette intégration ne peut être concrétisée que si on admet la présence d’un seuil de perturbation des espaces naturels.

Importance de la biodiversité dans le bassin méditerranéen
Selon l’UICN (2008), la flore du bassin méditerranéen est exceptionnelle, elle comporte près de 22500 espèces de plantes vasculaires, soit plus de quatre fois le nombre dans tout le reste de l'Europe. Ce hotspot contient également de nombreuses espèces de reptiles endémiques.
Le bassin méditerranéen s’étend d’ouest en est du Portugal à la Jordanie, et du nord au sud de l’Italie au Maroc. Ce hotspot, le seul au monde comportant cinq régions climatiques, s’étale sur plus de 2 millions de kilomètre carrés (2 085 292 km²). Il inclut en sus des pays cités ci-dessus, l’Espagne, la France, les pays des Balkans, la Grèce, la Turquie, la Syrie, le Liban, l’Israël, l’Egypte, la Libye, la Tunisie et l’Algérie. Il comporte également près de 5000 îles disséminées dans la mer Méditerranée (Açores, Macaronaisie, Madère, Cap vert,...).
La position du bassin Méditerranéen, à l’intersection de deux grandes surfaces : l’Afrique et l’Eurasie, a contribué à sa grande diversité paysagère. La région contient ainsi des montagnes dont l’altitude est supérieure à 4500 m, des péninsules et un des plus grands archipels du monde. Le climat du bassin méditerranéen est dominé par des hivers frais et humides, et des étés chauds et secs, et les précipitations varient entre 100 millimètres et 3000 millimètres.
Flore : Sur les 22500 espèces de plantes vasculaires dans ce point chaud, environ 11700 (52 %) ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Les espèces endémiques sont principalement concentrées sur les îles, les péninsules, les falaises rocheuses et les pics montagneux
Vertébrés : Avifaune : Au total, près de 500 espèces d'oiseaux sont présentes dans le bassin méditerranéen, et bien d'autres migrent à travers la région (en traversant la Méditerranée, Gibraltar, la Sicile, les Baléares, la Corse, la Sardaigne, la Crète et Chypre). Environ 25 d’entres elles sont endémiques
Mammifères : Le bassin méditerranéen abrite plus de 220 espèces de mammifères terrestres, dont 25 sont endémiques (11 %).
Reptiles : Il y a plus de 225 espèces de reptiles en Méditerranée, près de 80 (34 %) sont endémiques.
Amphibiens : Il y a près de 80 espèces d'amphibiens dans le bassin méditerranéen, près de 30 d'entre elles sont endémiques (31%). Le bassin méditerranéen est une zone d’endémisme pour deux familles d'amphibiens: les Discoglossidae et les Salamandridae.
Poissons d’eau douce : ils constituent de petits sous-ensembles de la faune eurasienne et africaine d'où ils sont isolés. Bien qu'il y ait moins de 220 espèces, plus de 60 sont endémiques, dont six genres endémiques.

Problématique
Le bassin méditerranéen a connu un important développement des activités humaines et l’impact de ces dernières sur les écosystèmes est déterminant sur la biodiversité. La colonisation des espaces par l’homme sous diverses formes existe dans la zone depuis au moins 8000 ans. Historiquement, les forêts méditerranéennes ont été brûlées pour créer des terres agricoles et l'intensification a particulièrement touché les pays d'Europe. Les terres agricoles, forêts sempervirentes et les habitats qui dominent le hotspot d'aujourd'hui sont le résultat de ces perturbations anthropiques sur plusieurs millénaires. Paradoxalement, le pâturage et le feu peuvent maintenir la richesse des espèces. En leur absence, les forêts fermées sont souvent moins diversifiées (Glasgow, 2004).
Actuellement, il y a environ 300 millions de personnes qui vivent dans le bassin méditerranéen. En Afrique du Nord, la croissance rapide de la population et la propagation de l'agriculture mécanisée ont conduit le remplacement des techniques respectueuses de l’environnement par des moyens de cultures plus intensifs. Les pénuries d'eau et la désertification sont des problèmes graves dans ce domaine.
La fragmentation des habitats est un grave problème dans le hotspot, la végétation originelle ne subsiste que par quelques taches éparses. En outre, bon nombre d’espèces de plantes endémiques dans le bassin sont présentes dans une faible superficie: elles sont confinées à de très petits espaces, dans certains cas individuels des affleurements rocheux, et sont donc extrêmement vulnérables à la perte d'habitat, le surpâturage et l'expansion urbaine.
En effet, il est probable qu’un plus grand nombre d'espèces végétales aient disparu ici que dans n'importe quel autre hotspot (IUCN, 2008). Le développement du tourisme a un impact important sur tous les écosystèmes d’autant plus que les rives de la Méditerranée sont assaillies par les touristes en recherche de dépaysement. La construction d’infrastructures pour répondre à ce flux de personnes ont des impacts directs sur tous les écosystèmes déjà fragilisés par les conditions du milieu (climat, sécheresse) (Benabdeli, 2009).

Identification des conflits agissant sur la biodiversité
Les conflits d’usage de l’espace sont inscrits dans des territoires. Ils reposent sur une base physique : ils se déroulent entre acteurs concernés par le problème qui se pose (voisins, mais pas toujours) et prennent naissance autour de biens supports matériels ou immatériels localisés. Ils s’inscrivent dans un cadre institutionnel géographique, déterminé à la fois par les jeux et les règles des instances locales et supra-locales. Les évènements conflictuels sont identifiables par rapport à un bien ou un espace support, i.e. l’espace au sein duquel les usages s’opposent (Bonin, 2004). La question foncière et à l’aménagement territorial corrélés à l’eau et sa gestion, à la superposition des usages (production – tourisme – loisirs) et du développement d’activités économiques et industrielles agissent sur les paysages et leurs changements à travers l’urbanisation et l’implantation de nouveaux équipements. Cela se traduit par une diffusion de nuisances sur tous les espaces supports et perturbent la biodiversité par des usages incompatibles avec les règles de la nature. Ainsi la conflictualité naît de changements ou de projets de changements, perçus par une partie des acteurs locaux comme contraires à leurs intérêts et à leurs volontés. L’expression matérielle des changements à l’origine des conflits relève de plusieurs catégories, qui sont :

  • La transformation d’un espace de sa vocation d’origine pour en tirer profit ;
  • la construction, la dégradation ou la destruction d’un paysage ;
  • la mise en œuvre d’une nouvelle production ou l’extension d’une activité ;
  • l’émission d’effets externes négatifs (pollutions, odeurs, écoulement des eaux) ;
  • l’aménagement d’un bien ou d’un espace ;
  • les questions d’accès (restriction/exclusion, ou ouverture/servitudes).

Les conflits sont toujours l’œuvre des développeurs qui par leurs projets portent toujours atteindre à l’intégrité de paysages creuset de la biodiversité car naturels. Toutes les actions engagées par l’Homme et ses activités se traduisent par des perturbations des écosystèmes.

La notion de perturbation
Il est impossible de vouloir préserver la biodiversité sans donner une importance particulière à la notion de perturbation des espaces. Selon Benabdeli (1996) la structure des écosystèmes dépend exclusivement des formes et de l’intensité des pressions anthropiques qu’ils subissent avec le temps, en dehors de leur composition naturelle de base (potentialités) et des conditions du milieu. Quand à la perturbation le même auteur souligne que c’est un événement à moyen ou long terme qui conduit à une déstructuration de la composition des écosystèmes pouvant les mener vers une destruction partielle ou totale. Grime, (1977) par contre définie une perturbation comme un événement acyclique qui conduit à une destruction partielle ou totale de la biomasse d’une communauté. Il la distingue de la contrainte ou stress, facteur externe souvent lié à l'environnement physico-chimique (notamment climatique) ayant pour effet de ralentir la productivité.
La perturbation est en relation avec l’intégrité écologique d’un écosystème et elle peut également être définie comme tout événement imprévisible dans le temps qui désorganise la structure de l’écosystème, de la communauté ou de la population, en modifiant les ressources, la disponibilité du substrat et l’environnement physique. Les notions de géodiversité et de biodiversité sont indissociables. C’est un changement dans la structure d’un système biologique causé par un facteur externe, mais seulement pour un niveau donné d’organisation. Généralement on distingue des perturbations endogènes, liées au fonctionnement même du système (concurrence, dépérissement, chablis), et des perturbations exogènes imposées par des événements climatiques, biologiques ou catastrophiques.
Les perturbations façonnent profondément les écosystèmes et constituent un de moteurs de la variabilité spatiale et de l'hétérogénéité stationnelle des écosystèmes déclenchant des successions écologiques induisant des mosaïques d’habitats à divers stades régressifs agissants sur la biodiversité. La dynamique des écosystèmes a été analysée par plusieurs auteurs en région méditerranéenne, elle repose sur quatre grands types de perturbations :
- les perturbations de faible ampleur;
- les perturbations imposées par les utilisateurs économiques ;
- les grandes perturbations abiotiques (incendies, attaque  parasitaire ;
- les destructions involontaires d’écosystèmes par des décisions sociopolitiques.

Détermination de l’état de la biodiversité
La biodiversité a 3 dimensions: la composition (ce qui est présent), la structure (comment les éléments présents sont organisés les uns par rapport aux autres) et la fonction (les processus qui génèrent la biodiversité et qui affectent la structure et la composition.
L’érosion de la biodiversité dans le bassin méditerranéen est induite par des conflits naissant d’une histoire humaine, d’une population importante, d’’une exploitation des espaces source de conflits.
• Implique la surveillance d’indicateurs de biodiversité et la détermination de seuils d’action,(les niveaux auxquels une action doit être prise pour prévenir une perte plus grande de biodiversité)
Selon Clergue (2004), les indicateurs varient selon les composantes de biodiversité et le niveau d’organisation biologique.
Les perturbations naturelles seraient les garants du maintien de la biodiversité, de la stabilité des écosystèmes forestiers. Les raisons en sont aussi d’ordre économique: mieux comprendre les dynamiques naturelles et le rôle des perturbations permet de mieux cibler les interventions et d’en augmenter l’efficacité. De façon plus générale, l’étude du processus de perturbation et des dynamiques naturelles peut nous aider à définir des structures “objectifs”, résistantes et résilientes, adaptées aux objectifs de gestion (ex. fonction de protection).

Notion de perception globale des espaces
La diversité des paysages imposée par des facteurs naturels tant physiques que bioclimatiques appelle à une classification en fonction de certains critères. Ces derniers seront déterminés par les objectifs fixés et l'utilisation du paysage, la classification qui en découle est déterminante et joue un rôle dans l'aménagement du territoire. La hiérarchisation permet de comprendre le fonctionnement et la composition des espaces avec leur impact sur les activités humaines et l'utilisation qui en peut être faite. Le rôle que joue chaque espace dans l'aménagement de l'espace permet cette classification qui concerne essentiellement les espaces suivants: espaces naturels (forestiers, steppiques, marins),  espaces productifs (agricole, rural, industriel), espaces urbains (villes, routes, aéroports)
Le morcellement très important des espaces constitue une contrainte majeure et l'absence de recherche d’espaces vastes et homogènes n'a pu se concrétiser. "C'est un sujet qui préoccupe beaucoup les responsables de l'aménagement en milieu rural". (LONG, 1975).
La lecture naturaliste de l'espace consiste à dégager la structuration du milieu et la compréhension de son évolution. Les principaux éléments à prendre en considération sont les facteurs du milieu tant abiotiques que biotiques. La perception de l'espace se caractérise par une compréhension du milieu qui passe obligatoirement par un diagnostic complet et sérieux. Afin que la diagnose soit efficace il importe que tous les intervenants parlent le même langage et utilise les mêmes échelles d'évaluation et d'appréciation. La normalisation du langage, de l'approche des phénomènes et le plan d'échantillonnage constitue une base fondamentale.  A ce sujet LONG (1975) note: " Une diagnose globale ainsi posée, est la condition sine qua non du succès de la planification. Mais ce n'est pas tout, encore faut-il disposer des idées et des outils permettant d'atteindre une intégration effective des données ainsi recueillies". Géographes, biologistes, sociologues, aménagistes n'ont pas la même notion du milieu. Il se réduit le plus souvent à l'assemblage ou à la juxtaposition de communautés internes, animales, végétales ou humaines. Tous cependant distinguent schématiquement trois milieux: physique, naturel et humain correspondant à l'ensemble des éléments abiotiques, biotiques et anthropiques". (BENABDELI, 1995). La connaissance et la description du milieu constitue une base d'approche de tout espace en vue de son utilisation raisonnée. La définition du milieu la plus proche du concept d'aménagement du territoire nous semble être celle de DOBREMEZ (1972): "Le milieu est un concept global, multidimensionnel, réunissant des éléments nombreux aux interactions multiples. Il est possible de tracer une limite quelconque à l'intérieur de ce concept sans le mutiler gravement et sans lui enlever sa signification". La connaissance des éléments du milieu définissent l'espace et permettent une utilisation reposant sur des observations et des évaluations, cette approche globale permet également une prise en charge synthétique du milieu avec la dynamique de toutes ses composantes.
L’utilisation de l'espace passe obligatoirement par son aménagement qui est tributaire de sa connaissance et de ses potentialités. L'approche qui doit en être faite exige un découpage de l'espace en zones constituant l'unité fondamentale de gestion et d'aménagement. Ce découpage peut se percevoir à différents niveaux de perception selon les objectifs fixés par l'aménagiste, l'économiste, l'agriculteur...

Importance des indicateurs de biodiversité à l’échelle du territoire
Comment choisir des indicateurs de suivi pouvant servir, aujourd'hui et demain, de base commune pour l'élaboration d’une stratégie de préservation de la biodiversité ?
Dans toute stratégie de préservation de la biodiversité, l’objectif est de créer des indicateurs de biodiversité à l’échelle du territoire. La première étape de conception de ces indicateurs a été de définir et de positionner les concepts de base. Ce dernier doit reposer sur l’élaboration du schéma conceptuel d’un modèle idéal (Clergue, 2004). Pour ce faire, une recherche exhaustive des variables pertinentes reliées, à la fois, aux pratiques d’utilisation et aux fonctions de la biodiversité. Les indicateurs étant destinés à des gestionnaires, les variables d’entrée des indicateurs seront limitées aux pratiques accessibles. Les sorties du modèle seront transformées en valeur d’indicateur par la méthode des indicateurs espaces-environnement. Ainsi des indicateurs pourront être créés pour chaque fonction particulière de chaque espace par rapport à la biodiversité.
Les indicateurs seront construits de manière à pouvoir être utilisés par des gestionnaires environnementaux et de l’aménagement du territoire sans porter atteinte à la biodiversité. Les données nécessaires à l’utilisation des indicateurs devront donc être facilement accessibles. D’autre part, afin de créer ces indicateurs, l’information contenue à des échelles différentes devra être synthétisée à l’échelle d’un territoire garant d’un creuset de biodiversité. Pour conforter cette démarche, une recherche exhaustive des fonctions assurées par la biodiversité sur l’espace ou le territoire sera effectuée. Les indicateurs seront élaborés à partir des connaissances scientifiques et pratiques disponibles et de l’avis d’experts. Au cours de leur construction, les indicateurs seront validés.
En définitive, ce qui caractérise la prise en compte de territoire, c’est le fait qu’ils présentent une grande variété d’aspects physionomiques, et que ces aspects évoluent sous l’action des facteurs naturels et des facteurs humains conjugués. Ainsi, les indicateurs proposés s’attacheront à rendre compte des signes de non durabilité de l’utilisation de la ressource naturelle « espaces naturels » avant de se pencher sur ce que pourrait être des symptômes de durabilité Comment se doter à différents niveaux de décision de tableaux de bord permettant d'avoir des indications et repères pertinents sur la dynamique des espaces et leurs utilisations ?

Identifier des indices de perturbation acceptable par type d’écosystème
L’approche repose sur la notion de zones homo-écologiques permettant d’identifier des écosystèmes non fragmentés. C’est un aspect qui devrait être pris en charge par la politique d’aménagement du territoire ; elle consiste en la délimitation de paysages devant former des entités géographiques et écologiques servant comme unité spatiale de gestion durable.

Comment arriver à ces indices ? La démarche à suivre repose sur le concept d’intégrité écologique : c’est une action indispensable pour asseoir une stratégie rationnelle de préservation des espaces sans les protéger comme les réserves et les parcs et en faire des no mans land. Pour ce faire il y a lieu de :

  •  Identifier et justifier des variables susceptibles à priori d’être indicatrices de l'intégrité écologique d’un écosystème,
  • Regrouper les indicateurs d'intégrité écologique retenus en un indice d'intégrité écologique qui sera appliqué sur des espaces naturels à trois échelles spatiales : paysage (espace écologique d’au moins 50 000 ha); intermédiaire (paysages intermédiaires entre 25 000 et 50 000 ha) et local (entre 10 000 et 25 000 ha). C’est des entités permettant de préserver la biodiversité puisqu’elles constituent des zones homo-écologiques avec des sous-zones induites par des perturbations naturelles garantes d’une biodiversité.
  • Retenir des aires d’étude couvrant le gradient d'intégrité écologique le plus rationnel.

Analyser la réponse de communautés bio-indicatrices aux variations d'intégrité écologique  des espaces qui se traduira par :

  •  Inventorier la diversité biologique par domaine au sein des aires identifiées,
  • Identifier les espaces intéressants écologiquement (groupes d'espèces) à considérer,
  • Étudier la relation entre les variables physiques et anthropiques (indice d'intégrité écologique et indicateurs) et les variables des communautés biologiques ;
  • Evaluer la géodiversité et son impact sur l’équilibre des systèmes ;
  • Déterminer à posteriori les meilleures variables et échelles explicatives des variations des écosystèmes.

On constate que quelle que soit la façon d'évaluer l'intégrité écologique des écosystèmes (indicateurs seuls ou indice combiné), l’entité écologique ayant la pire intégrité écologique est toujours celle ayant le plus bas indice des communautés. Plus l’espace est grand en superficie plus il y a de chance d’avoir une grande diversité si l’écosystème n’est pas trop perturbé ou n’est pas très homogène.

Les indices de perturbation acceptables
Il est impossible d’identifier des indices acceptables par type d’écosystèmes sans un diagnostic accès essentiellement sur les points suivants : la caractérisation physique, écologique, l’évaluation des indicateurs biologiques et des Pressions-Etat-Réponse  de chaque espace homo-écologique. Une fois l’intégrité écologique de chaque écosystème évaluée ou tout simplement décrite selon une échelle d’appréciation (richesse biologique, paramètres géophysiques, spécificité), il est possible après diagnostic (densité des réseaux de pénétration et d’intervention humaine) de fixer un seuil permettant de maintenir l’équilibre écologique garant de la préservation de la biodiversité.

Principaux indicateurs

Seuils maximal

Seuils utiles

Superficie totale

   

Urbanisation

   

Nombre d’entités

   

Densité des routes

   

Densité des pistes

   

Densité des sentiers

   

Densité des TPF

   

Morcellement des espaces

   

C’est les indices acceptables de perturbation/écosystème qui peuvent être récapitulés dans une matrice qui serviront de référentiel.

Conclusion
La théorie de base d'approche, d'utilisation et donc d'aménagement des espaces a été résumée par BARRE (1970): "Le milieu naturel se présente comme un capital exploitable et un milieu de vie: le problème est non de rationner - pour qu'il en reste - mais de penser en terme de dynamique, de sorte que la reconstitution soit possible et permanente". Pour atteindre cet objectif fondamental et nécessaire il faut respecter la notion de conception globale de l'espace qui suppose une connaissance de la composition, du fonctionnement et de l'utilisation de cet espace. Pour s'attaquer au mal qui ronge notre espace il faut asseoir les bases fondamentales d'un aménagement intégré qui prenne en charge toutes les composantes et les utilisations de chaque unité de base fondamentale.
La préservation de la biodiversité ne peut être concrétisée qu’à travers l’adhésion des gestionnaires au concept positifs des fonctions écologiques des espaces (maintien de la biodiversité, stockage du carbone, régulation du climat et du cycle de l’eau, protection des sols). Il en découlera une nouvelle approche axée sur l’identification de territoires basé sur les contours géographiques qui auront une importance économico-écologique croissante (la valeur écologique globale des écosystèmes) qui pourra se révéler bien supérieure à la valeur de production de ces espaces. C’est le concept d’éco-territoires autosuffisants.
La préservation de la biodiversité passe nécessairement par une nouvelle forme d’aménagement des territoires.

Références bibliographiques
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